SÉcurité du PIéton Âgé : Déclins cognitifs et réentraînement des compétences impliquées dans la traversée de rue

Porteuse du projet, laboratoire et organisme :

Viola Cavallo, LPC, AME, IFSTTAR

Partenaires du projet :

Institut des Sciences du Mouvement (CNRS- ISM)
Accident Research Center, Monash University, Australie


Livrable D.3.1 Méthodologie d’étude du lien entre déclins cognitif, perceptif et moteur liés au vieillissement et le comportement de traversée de rue avec trafic à double sens

Livrable 2 Impacts du déclin cognitif, perceptif et moteur liés au vieillissement sur le comportement de traversée de rue avec trafic à double sens : Résultats de l’expérimentation

Livrable 3 Comparaison de l’efficacité de deux méthodes d’entraînement pour améliorer la sécurité des piétons âgés lors de la traversée de rue: Méthodologie d’étude

Livrable 4 Elaboration et évaluation de plusieurs méthodes d’entraînement pour améliorer la sécurité des piétons âgés lors de la traversée de rue


Objectifs initiaux du projet

1. Etude de l’origine des comportements à risque : évaluation de l’impact des déclins fonctionnels sur les comportements de traversée de rue des piétons âgés dans des situations de trafic à double sens (expérimentations 1 et 2).

2. Evaluation de différents programmes d’entraînement destinés à améliorer la sécurité des piétons âgés : entraînement  comportemental, éducatif et cognitif. Comparaison de l’efficacité de ces programmes pour réduire les comportements à risque des piétons âgés (expérimentation 3).

Méthodes appliquées et résultats majeurs

Expérimentation 1 :

Méthodes : 17 piétons jeunes (20-35 ans), 17 piétons jeunes-âgés (60-67 ans) et 18 piétons âgés (70-84 ans) ont été placés dans un simulateur piéton et devaient estimer si la traversée de rue était possible face à un trafic à double sens. Les participants ont également été soumis à une batterie de tests perceptifs, cognitifs et sensori-moteurs.

Résultats : Les piétons les plus âgés (70-84 ans) ont pris significativement plus de décisions dangereuses que les deux groupes de participants jeunes ou jeunes-âgés. En ce qui concerne les causes des comportements dangereux, les résultats indiquent une explication multidimensionnelle du risque de collision encouru par les personnes âgées, combinant des déclins sensori-moteurs (faible vitesse de marche), perceptifs (mauvaise perception de la vitesse des véhicules approchant) et cognitifs (attention visuelle réduite).

Expérimentation 2 :

Méthodes : 18 piétons jeunes (19-35 ans), 28 piétons jeunes-âgés (62-71 ans) et 38 piétons âgés (72-85 ans) ont réalisé des tâches de traversée de rue dans un simulateur piéton, en se déplaçant réellement sur la rue expérimentale. La vitesse des véhicules approchants et les fenêtres temporelles entre les véhicules étaient variées. Les mouvements de tête lors de l’exploration de l’environnement routier étaient enregistrés.

Résultats : Les difficultés des piétons âgés se manifestent surtout lorsque les voitures approchent dans la voie éloignée et/ou à grande vitesse. Les piétons âgés prennent leurs décisions principalement en fonction des véhicules présents sur la voie proche, négligeant les véhicules approchant sur la voie éloignée. La vitesse des véhicules n’est pas suffisamment prise en compte par les piétons âgés qui basent leur jugement de façon prédominante sur la distance des véhicules. La situation la plus accidentogène pour les piétons âgés est celle où une fenêtre temporelle suffisante dans la voie proche est combinée avec une fenêtre insuffisante dans la voie éloignée. Ces difficultés des plus âgés sont expliquées par leurs stratégies d’exploration visuelle qui se focalisent sur la voie proche.

Expérimentation 3 :

Méthodes : Un protocole classique, consistant en un pré-test, une phase d’entraînement, un post-test immédiatement après l’entraînement et un post-test 6 mois après l’entraînement, a été utilisé. Dans la phase pré-test, 79 personnes âgées de plus de 60 ans ont réalisé des traversées de rue sur le simulateur piéton et ont été soumises à un test cognitif évaluant la vitesse de traitement et l’attention visuelle. Parmi ces personnes, 48 participants (72 ans en moyenne) ont été sélectionnés pour participer à l’expérience d’entraînement. Ils présentaient une diminution significative des performances cognitives et un grand nombre de collisions lors de la traversée de rue simulée. Quatre groupes homogènes de 12 participants ont été formés et soumis à trois types d’entraînement : cognitif (attention visuelle), comportemental (traversée sur simulateur piéton) et
éducatif (discussions de groupe). Le quatrième groupe (groupe contrôle) n’a bénéficié d’aucun programme d’entraînement.

Résultats : Les programmes d’entraînement comportemental et éducatif ont significativement amélioré la sécurité des traversées de rue chez les piétons âgés, avec moins de décisions dangereuses et moins de collisions après entraînement. Les bénéfices de ces programmes ont été constatés immédiatement après l’entraînement et se sont maintenus 6 mois après. Cependant, ces deux programmes n’ont pu complètement remédier aux diffi cultés des âgés à apprécier la vitesse des véhicules à l’approche, ou à prendre en compte la voie éloignée d’une rue à double sens de circulation.

Verrous ou points durs levés

• Simulation de la traversée de rue avec double sens du trafic et possibilité réelle de traverser la rue expérimentale.
• Première étude expérimentale de traversée de rue avec trafic à double sens.
• Première étude comparant 3 programmes d’entraînement des piétons âgés et montrant l’efficacité de deux types d’entraînement.

Perspectives ouvertes par le projet et verrous subsistants

• Les programmes testés n’ont pas permis de remédier à toutes les difficultés des âgés à traverser la rue, notamment la prise en compte dans leurs décisions de la voie éloignée d’une rue à double sens de circulation et de la vitesse des véhicules approchant.
• Un second verrou consiste en l’utilisation d’un grand simulateur de traversée de rue qui ne pourra pas être utilisé lorsqu’on souhaite appliquer nos méthodes d’entraînement. Ceci pose la question de l’efficacité de l’entraînement comportemental utilisant un mini-simulateur piéton qui serait transportable.
• Suite au projet SEPIA, et sur la base des résultats obtenus, une nouvelle étude a été conduite abordant plus spécifiquement les déficits perceptifs des personnes âgées et permettant une meilleure prise en compte de la voie éloignée et de la vitesse des véhicules à l’approche. La même étude a également validé l’efficacité d’un mini-simulateur piéton pour améliorer la sécurité des âgés.