Les dimensions spatiales du risque routier des deux-roues à moteur
Porteur de projet, laboratoire et organisme :
Dominique Fleury, LMA, TS2, IFSTTAR
Partenaires du projet :
GEOSYSCOM, Université de Caen
Laboratoire Live, Université de Strasbourg
CETE Méditerranée
Objectifs initiaux du projet
Appliquer une approche par le territoire à l’analyse des accidents de deux-roues motorisés permet de mettre en relation les spécificités sociales des habitants impliqués, les caractéristiques géographiques et environnementales ainsi que les stratégies de traitements des espaces mises en place, en particulier celles des réseaux de déplacement. Ces analyses sont à croiser avec les déroulements des accidents, ainsi que leurs conséquences, les comportements observés et les caractéristiques techniques des véhicules.
Approches méthodologiques appliquées
Cette recherche repose sur le dépouillement et l’analyse d’un corpus de PV d’accidents de la circulation routière ayant eu lieu dans le département du Nord de février 2003 à décembre 2008 et dont les 2 001 impliqués à deux-roues motorisés (conducteurs et passagers) sont des habitants de Lille Métropole Communauté Urbaine. Les informations sont codées puis les accidents sont géolocalisés dans un Système d’Information Géographique. Grâce aux techniques statistiques développées dans ArcGiS, l’analyse géographique permet de compléter ce travail.
Résultats majeurs
Les résultats obtenus montrent l’intérêt d’appréhender l’accidentologie dans une double dimension, à la fois sociale et spatiale, les deux étant intimement liées. Parmi les nombreux résultats, quelques-uns peuvent être extraits à titre d’illustration.
Plus l’impliqué est jeune, plus il a de chance de s’accidenter à cyclomoteur, près de son domicile, en milieu urbain périphérique, sur des axes de dessertes et sur des voies pour lesquelles les niveaux de trafic sont faibles. À l’inverse, à mesure qu’augmente l’âge et que s’améliore la situation économique de l’usager de deux-roues motorisés, les probabilités pour qu’il s’accidente à Lille, au terme d’un trajet important et à motocyclette augmentent.
En comparaison avec les catégories « populaires », les usagers des catégories «supérieures» accidentés sont plus représentés dans les trajets de type loisir et moins dans les trajets de type travail.
Les différences sont significatives en ce qui concerne le type de véhicule utilisé lors de la survenue de l’accident selon l’activité de l’usager : les « Actifs ayant un emploi » sont plus souvent accidentés à motocyclette (40,8 %) alors que les usagers de deux-roues motorisés « Sans-emploi » et « Étudiants, lycéens, collégiens » utilisent très majoritairement des cyclomoteurs (82,2 % et 90,3 %). Des caractéristiques économiques expliquent cet usage majoritaire de cyclomoteur pour les « sans-emploi ». S’y ajoute la jeunesse pour ce qui est des « Étudiants, lycéens, collégiens ».
Les conflits avec les piétons sont, en proportion, assez rares. Conformément à ce qui est mis en avant dans la littérature, les problèmes de perception sont eux très nombreux : 44,3 % des accidents sont liés à ce type de problème, soit 771 cas. Cela est directement à rapporter à la faible détectabilité dont pâtissent les usagers de deux-roues motorisés. Les problèmes de perceptibilité sont significativement reliés au niveau hiérarchique de la voie. Ce sont plutôt les niveaux intermédiaires (6 000 à 30 000 véh/jour) qui posent plus de problèmes.
Les jeunes usagers de deux-roues motorisés (moins de 20 ans) et les plus âgés (plus de 50 ans) sont ceux qui s’accidentent le plus près de leur domicile. Entre 20 et 49 ans, la distance réseau parcourue est croissante pour atteindre son maximum pour les 40-49 ans (4 829 m).
La surreprésentation des usagers de deux-roues motorisés à circuler sur des voies dotées d’aménagements cyclables est de 0,48. Cette surreprésentation est plus importante lorsque l’impliqué à deux-roues motorisés circule sur une voie avec bande cyclable (0,52) plutôt qu’avec piste cyclable (0,23). La surreprésentation est très importante (1,00) pour les voies à niveau de trafic élevé (Moyenne journalière supérieure à 13 000 véh/jour).
Ces résultats semblent poser la question de l’efficacité des aménagements cyclables dans l’amélioration de la sécurité des usagers de deux-roues motorisés. Il paraît alors nécessaire de procéder à de nouvelles analyses permettant d’infirmer ou de corroborer les éléments présentés dans ce travail.
Perspectives ouvertes par le projet
Cibler des actions de prévention, tant au niveau national que local, en s’appuyant sur les caractéristiques sociales des usagers de deux-roues motorisés et les occurrences spatiales des accidents.
Etendre cette approche à un autre terrain serait utile pour en conforter les résultats.
Verrous ou points durs levés ou subsistants
Cette recherche a été possible grâce à l’accès à des fichiers de PV pouvant être traités à l’aide des outils informatiques actuels. De même que les développements des analyses en statistiques géographiques dans ArcGIS .