Sécurité des piétons dans un espace public de transport : une affaire d’aménagement et d’ambiance
Porteuse de projet, laboratoire et organisme :
Véronique Michaud, Direction Générale de l’Innovation et du Développement Durable, Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP)
Partenaires du projet :
Ville de Paris – Direction de la Voirie et des Déplacements
Bureau de recherche 6T
Objectifs initiaux du projet
Les principales questions traitées sont :
• Comment l’aménagement façonne-t-il les comportements des usagers et plus largement comment l’environnement spatial, l’agrément, le confort renforcent-ils la sécurité du marcheur ?
• Comment l’environnement peut-il être ‘apprenant’ et favoriser des comportements de sécurité de chacun et la cohabitation de tous les usagers (voyageurs, riverains, usagers de la rue) ?
• Quel impact de l’ambiance et du sentiment de sécurité ou d’insécurité ? (les notions d’ambiance urbaine et de bien-être rarement conviées dans les réflexions sur la sécurité routière paraissent pourtant essentielles)
• Quelles compétences sensorielles et motrices requiert le déplacement à pied dans un espace partagé ?
Méthodes appliquées
Observations de terrain et enquêtes sur l’ergonomie de l’espace et sa perception.
Dans chacun des 3 types de terrains d’observation, trois types d’investigation sont combinés :
• Une analyse contextuelle de l’espace public étudié ;
• Un diagnostic sécurité routière et une enquête ergonomique combinant l’observation et l’entretien court auprès des usagers des terrains retenus ;
• Une enquête qualitative sur le vécu de l’espace public, les comportements dangereux et l’expérience de l’espace public dans les sites retenus.
Résultats majeurs
La recherche a abouti à des recommandations concrètes sur l’accompagnement du cheminement piéton suivant ses différents attributs : la signalisation, la signalétique, l’information voyageur et globalement l’aménagement.
Les principaux résultats de cette étude montrent, tout d’abord, que les usagers véhiculés respectent moins le passage piétons lorsque celui-ci se situe en sortie de carrefour, plutôt qu’en entrée. Ce résultat peut être rapproché des différentes études réalisées par la ville de Paris qui indiquent que la plupart des accidents impliquant au moins un piéton se produisent en sortie de carrefour, et pas seulement avec des véhicules en mouvement tournant. Ensuite, les usagers qui traversent hors de tout aménagement dédié le feraient en
ayant conscience du risque encouru puisqu’ils trouvent la traversée plus difficile et plus dangereuse que les piétons traversant sur les passages piétons et ils ont tendance à traverser plutôt en courant qu’en marchant.
Néanmoins, ils choisissent de traverser lorsque les véhicules sont à l’arrêt, et le plus souvent le long des lignes de feux. Puis, bien que les usagers interviewés le matin soient plus familiers des lieux, davantage pressés et prennent plus de risques, la plupart des accidents se produisent à la fi n de l’après-midi. Enfin, l’intermodalité ou la recherche du transport collectif auraient des effets indésirables sur la sécurité des déplacements des usagers piétons en les incitant à prendre des risques de peur de rater son bus. Ce phénomène a déjà été démontré dans d’autres études parisiennes sur l’accidentalité piétonne aux abords des stations de métro à une seule trémie ou à l’approche d’un tramway.
Les comportements observés (traversée hors de tout aménagement dédié et respect de la règle) reflètent bien la réalité des accidents. Le manque d’attention et de prise d’information de la part des usagers piétons se retrouve tant dans les accidents scénarisés, que dans les réponses au questionnaire. Il s’avère également que le compromis gain de temps/sécurité penche malheureusement trop souvent vers le gain de temps.
Les résultats de l’observation des comportements des piétons traversant sur passage piétons montrent des différences en fonction du type d’infrastructure et des conditions de circulation. En effet, certaines conditions sont défavorables au respect de la signalisation par les piétons, comme une réduction de la largeur de la traversée, un faible trafic, ou un intervalle entre deux flux de véhicules ; elles contribuent ainsi à l’insécurité des déplacements piétons. C’est pourquoi il est important de davantage réfléchir à des recommandations améliorant l’ergonomie de l’espace public en tenant compte entre autres de la lisibilité de l’espace, de la compréhension des itinéraires, de la prise de risque inconsciente des usagers, et surtout des besoins de déplacement des usagers. L’espace public doit être alors repensé autour de l’usager piéton.